Audacieux projets pour un village

L’idée remonte à 2008. Un projet de transformation de la salle de l’Auberge Communale avait émergé, mais il n’avait pas convaincu. En 2010, une commission des infrastructures a réétudié l’affaire. A la fin 2012, le principe a été validé par l’Assemblée communale, afin que le projet s’intègre dans le tissu social du village.
Pour s’offrir cette mue, les Léchellois se sont préparés, afin de désendetter la commune, passant de 3 millions de francs de dettes à 1 million et demi en 2013. La commune dispose en plus actuellement de 430?000?francs de liquidités. «Une société immobilière, la SI Léchandon, a été créée. Plus de 100 habitants et la commune y ont adhéré. La commune a vendu deux immeubles à cette société», explique André Chassot, conseiller communal et cheville ouvrière du projet.
Après cette bonne opération financière, l’association Ensemble a été créée. Elle a pour but d’encadrer les sociétés du village et d’intégrer des projets sociaux. Les appartements protégés en font partie. Ceux-ci devraient accueillir essentiellement des personnes âgées. «Il y a beaucoup de demandes», fait remarquer André Chassot. De plus, la commune a adhéré au concept Cité de l’énergie et la centrale de chauffe faisait alors sens au vu des immeubles projetés dans la commune. «C’est sans doute le point le plus urgent, les promoteurs comptent sur cette centrale», ajoute André Chassot. Cette infrastructure permettra aux habitants du village qui en font la demande de se chauffer à distance, en remplacement des sources actuelles de chauffage comme le mazout ou le bois. Un programme important de creusage sera alors nécessaire pour raccorder les maisons chauffées par la centrale.
A cette réflexion est venue s’ajouter celle de la construction d’une salle multi-usage. «Il n’y a pas de raison que la SI finance la centrale de chauffe s’il n’y a pas de salle associée au projet global», poursuit le patron des finances léchelloises. Dans le même temps, les demandes concernant la réalisation d’une salle polyvalente se sont accrues, de la part non seulement des sociétés locales mais également de celles de villages voisins, intéressés par la possibilité de louer un local dans la région. «En se référant aux besoins actuels, on peut déjà affirmer que le taux de location est déjà plus que satisfaisant et que la demande ne cesse d’augmenter», explique André Chassot.

Se fondre dans le décor
Jeudi dernier, c’est le projet «La grange au pré» qui a été choisi par le jury, parmi 24 projets architecturaux, dont la moitié de l’étranger. Il est le fruit des architectes Joud & Vergély, de Lausanne. La salle multi-usage est disposée le long de la route cantonale, dans un style «ferme» qui se fond parfaitement dans le décor. Elle s’affiche comme la nouvelle entrée au village. Une vision d’entrée avec au loin la silhouette de l’église, le paysage de verdure, la fontaine existante et, en contrebas, les logements protégés composent un ensemble bâti qui renforce le caractère villageois.
Le programme des services communaux occupe les têtes de la halle. La grande salle est aussi bien accessible par le haut que par le bas. Les gradins proposés renforcent le thème «multi-usage» attendu. Elle pourra accueillir notamment les répétitions des sociétés de musique locales, les séances de gymnastique de l’école, des concerts, des pièces de théâtre et d’autres manifestations sportives.


Citoyens unanimes
Selon le jury, le projet maîtrise parfaitement la pente du terrain. Par leur implantation très sensible, les logements protégés, d’un style plus moderne, se présentent comme une «grande maison» ouverte sur la prairie. Des appartements sont répartis autour d’un escalier central.
Il y avait foule lundi soir dernier à l’auberge du village où se tenait une assemblée communale peu ordinaire. Pas moins de 111 citoyens, curieux de découvrir la présentation du plan de financement de ce projet, garnissaient les chaises de la salle. Une affluence rare pour une séance rassemblant normalement entre 60 et 80?personnes et qui témoigne de l’intérêt suscité. Un premier crédit de construction de 1,04 million a été accepté à l’unanimité, dont 580?000?francs réservés au préfinancement de la centrale de chauffe. La concrétisation du projet est donc lancée et la commune ne souhaite pas perdre de temps. Une étude détaillée, avec l’analyse des coûts de chaque objet ainsi que la mise à l’enquête de la centrale de chauffe, sera réalisée dans le courant du printemps 2014. Le vote final pour le crédit de construction, la mise à l’enquête du projet global et la construction de la centrale de chauffe devraient intervenir à la fin du printemps. En cas d’acceptation préalable par les citoyens, le premier coup de pioche pour la salle est prévu pour fin 2014.
Le coût total du projet, estimé à 8 millions de francs par les architectes, a été revu à la hausse par la commune qui veut pallier toute mauvaise surprise d’ordre financier. Celle-ci s’est basée sur une marge d’erreur de 20 à 30% dans les estimations. «Pas de technique des rondelles de salami non plus», s’est empressé de dire André Chassot qui ne souhaite pas venir chaque fois à la charge pour soumettre à ses concitoyens des crédits à rallonge. «Il faut considérer tous les coûts dans leur ensemble.» Armée de cette prudence, la commune prévoit un coût global de 10 millions de francs, 4 pour la centrale de chauffe, 3 pour les appartements protégés et 3 pour la salle à usage multiple.

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