Les baraques de pêcheurs réduites en tas de planches

DESTRUCTION Les cinq cabanons de pêcheurs ont été démolis. Ils devraient laisser place à la nouvelle pisciculture en attendant le mégaprojet hôtelier voisin.

«C’est un patrimoine qui disparaît, même dans cet état», s’indigne le député Louis Duc, présent sur la place Nova-Friburgo, mardi matin, alors que le chantier de démolition des cinq ancestrales cabanes de pêcheurs avait débuté à l’aube.
Un brin dépité, son fidèle bob sur la tête, l’homme s’en va alors en direction de la bonne dizaine de policiers qui encadrent le site. Suite à la décision du Conseil communal de démolir ces vestiges, les propriétaires savaient que depuis le 8 juillet tout pouvait se passer et, selon des rumeurs, certains étaient prêts à protester vivement. Il n’en fut rien.
«Les propriétaires avaient jusqu’au 28 février 2013 pour détruire ces cabanons. Ils ne l’ont pas fait, et dès lors nous avions donné une fourchette entre le 8 et le 20 juillet 2013 pour cette démolition. Les propriétaires devaient donc s’attendre à ce que nous entreprenions les travaux, précise le syndic Albert Bachmann. Ceux-là seront refacturés aux propriétaires.»
Quant au déploiement des forces de l’ordre, le syndic l’explique: «C’est le protocole normal lors de ce genre d’opération. La commune demande l’aide du préfet, qui prend alors ses dispositions.» Il en avait été de même pour la destruction du hangar de l’ancien syndic de Prévondavaux.
Mardi matin, une bonne dizaine de policiers étaient présents pour boucler et surveiller le site, ainsi qu’un bateau de la police de la navigation.
Pour rappel, la pisciculture qui se trouve sur la pointe de la place Nova-Friburgo doit être démolie. La nouvelle pisciculture cantonale doit justement être construite sur l’emplacement des défuntes baraques. Son coût est estimé à environ 2 millions de francs.
«Nous aurions souhaité que cela avance beaucoup plus vite. Nous n’avons pas encore de permis de construire pour la nouvelle pisciculture, car suite au dépôt du plan de modification de la zone il y a eu des oppositions. Ces dernières ont été levées en première instance par le Conseil communal staviacois. Mais il y a actuellement recours au Tribunal cantonal», explique Walter Schwab, chef du Service des forêts et de la faune. «Une fois que nous aurons le feu vert nous pourrons alors déposer le permis de construire. Je suis optimiste», ajoute-t-il.

«Je suis persuadé que l’on va gagner»
Les opposants à cette démolition ne se sont pas fait remarquer mardi sur le site. On se souvient que ces derniers avaient lancé une pétition pour s’opposer à la démolition. Celle-là avait recueilli plus de 1800 signatures. En février, les adversaires avaient organisé une manifestation qui avait réuni entre 200 et 300?personnes. Une résolution avait même été proposée par les figures de proue du mouvement d’opposition. Elle demandait au canton et à la commune de revenir sur leur décision de destruction des baraques.
«Je m’attendais à cette démolition. Le déplacement de la pisciculture n’est que le prélude au projet hôtelier pharaonique qui est prévu sur la place Nova-Friburgo. C’est pour ça que je me bats, explique Jean-Marc Mauroux, à la tête du mouvement de fronde.
«Maintenant, nous allons attendre les décisions du Conseil général concernant ce projet. S’il passe la rampe, nous lancerons alors un référendum, et je suis persuadé que l’on va gagner», argumente l’ancien conseiller communal.
Pour se faire une idée du dessein hôtelier et immobilier, baptisé Stavia 2012, les Staviacois ont rendez-vous à la rentrée, le 26 août, pour une présentation publique très attendue.