Les Brandons victimes d’un vent de révolte voisin

ESPRIT Les Brandons sont source d’inspiration spontanée. C’est le cas pour le groupe de constructeurs de chars Les Bonzes. En marge du grand cortège dominical, ils ont créé le jeu «Angry Bears», mettant aux prises Ours blancs et Cochons rouges.
En 1420, les Payernois profitaient du carnaval – les Brandons n’existaient pas encore – pour se révolter contre les moines. 594 ans plus tard, ce sont des bonzes, constructeurs de chars, qui expriment leur colère contre un hypothétique projet de fusion entre Corcelles et Payerne, ainsi que Trey, Grandcour, Missy et Chevroux. Une union entre Ours blancs et Cochons rouges, alors que ceux-ci sont (re)séparés depuis 1808, c’est le thème du char de cette équipe qui vient à la base de Corcelles. «Notre char était prêt et nous cherchions le petit plus pour amuser la galerie. On a donc décidé de créer un jeu gratuit sur internet», explique François Vessaz. En transition professionnelle, ce titulaire d’un doctorat en informatique a mis cinq jours à 100% pour créer «Angry Bears», autrement dit la «colère des ours». Le jeu a été lancé lundi soir sur Radio Brandons et connaît un succès fulgurant.

Participation impressionnante
Il faut dire qu’il est assez épique. A l’aide d’une catapulte, dans une première étape, le joueur doit envoyer les municipaux corçallins sur l’Hôtel de Ville payernois, afin de faire valdinguer la Municipalité des Cochons rouges. Il y a cinq étapes à franchir qui emmènent les participants chez les «demandeurs» et aussi chez les «Broyeurs de communes», à savoir le Château cantonal, avec Béatrice Métraux et le préfet Olivier Piccard, qui n’échappent pas à la colère des Ours blancs non demandeurs, paraît-il. Mais attention, le chrono compte aussi. Le succès va bien au-delà de ce que les Bonzes espéraient. Mercredi matin, près de 11 000 parties avaient été jouées par 1810 visiteurs différents. Plus de 450 personnes ont publié leur score en vue du concours, avec à la clé un billet pour le spectacle 120 secondes à Payerne et un livre Au nom de Payerne, des Brandons, de son Esprit, ainsi fût-il. Le 10 mars, tout sera fini. Dommage? «Oui, mais nous partons du principe que lorsque nous démontons notre char, «Angry Bears» cesse aussi», précise François Vessaz.
Forcément, on retrouvera la thématique sur leur char, qui paradera en 16e position ce dimanche, mais là il ne s’agira point de virtuel…
«Je trouve ça très drôle et c’est forcément ce que l’on attend d’un carnaval. C’est un bon détournement, qui est en prise directe avec l’actualité locale», s’enthousiasme la syndique payernoise Christelle Luisier Brodard. Son homologue corçallin Alexandre Gorgerat a le même engouement: «C’est vrai que nous, on a le bon rôle, rigole-t-il. C’est excellent et je suis étonné du monde qui y joue», note celui qui participe au jeu sous le pseudo de «chef des ours».
Depuis la nuit des temps, l’esprit frappeur des Brandons de Payerne inspire bien des équipes. Les sujets à tourner en dérision ne manquent jamais et c’est parfois au dernier moment que les idées fusent. Il faudra donc regarder de tous les côtés, ce week-end, à Payerne.

  • Beaucoup plus d'infos dans notre édition de la semaine