Moudon pleure, Payerne sourit

C’est la consternation doublée d’un immense sentiment d’injustice. Moudon est sous le choc de l’annonce de la fermeture de la caserne de Valacrêt d’ici 2020. Et pourtant, on savait les installations moudonnoises sur le ballant. Mais ce qui provoque plus encore que le départ de l’armée, en partie tout au moins (la place de tir du vallon de Sottens restera active), une véritable onde de choc, c’est l’annonce, qui n’en est pas une, de la possible création d’un immense centre pour requérants d’asile (544?places) dans la caserne délaissée.
Est-ce un coup de maître des stratèges de la politique fédérale qui, en lâchant ce possible futur, pousse le canton, la région et la commune de Moudon à se mobiliser pour éviter les requérants, entérinant ainsi de fait le départ des troupes sanitaires pour Chamblon mais pas avant 2020.

Réactions tous azimuts
Le résultat est à placer dans les séismes à l’échelle du pays puisque cette annonce, et la manière dont elle a été faite, provoque déjà une levée de boucliers sans précédent et des questions devant le Conseil national (Olivier Feller), une interpellation devant le Grand Conseil vaudois (Aliette Rey) et ce n’est pas exhaustif. Lundi soir déjà, Philippe Leuba, en charge du dossier de l’asile, réagissait extrêmement vivement à l’évocation de cette possible installation. Dans les colonnes de 24?heures, Philippe Leuba a fait part de la détermination du canton à contrecarrer cette solution avant d’ajouter: «On n’imagine pas que cela se fasse contre l’avis du canton, même si la Confédération a la compétence de passer outre».
Mardi matin, la possible implantation d’un centre de requérants n’était pas confirmée lors de la conférence du DDPS. Mieux, répondant directement à la question, Ueli Maurer soulignait que l’avenir des installations dépendait maintenant de discussions entre la Confédération, le canton et la commune.
De son côté, Gilbert Gubler, syndic de Moudon, très fâché, relevait aussi que d’autres options ont déjà été évoquées en cas de retrait de l’armée de Moudon, comme la création d’une école romande de police. A ce propos, Jacqueline de Quattro, mardi soir, tempérait les espoirs moudonnois en rappelant que le site de Moudon, jugé trop éloigné de l’autoroute, n’avait pas été retenu jusqu’ici par la conférence latine des directeurs de police. Dans ce contexte, il était question de Chamblon et de Savatan. Or Chamblon fait partie de la planification de l’armée alors que Savatan va être aussi totalement libéré par l’armée.
Quoi qu’il en soit et quel que soit l’émoi, la route est encore longue jusqu’à la décision finale concernant ce fameux plan de stationnement et les cantons et les communes ont encore la possibilité de se faire entendre. Une année pleine est même prévue pour négocier (voir les échéances ci-contre) avant que le couperet ne tombe définitivement.
Pour les autorités cantonales et communales, le travail commence maintenant.

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