Quand les toxicomanes laissent traîner leurs seringues

INSALUBRITÉ Une ruelle semble s’être muée en scène de la consommation de drogue dure. Le sol est jonché de seringues, au grand dam du voisinage.

«Qu’ils se droguent, c’est leur problème, mais de là à laisser traîner leurs seringues dans les rues et surtout à la vue et à la portée des enfants, c’est n’importe quoi. J’avais pourtant averti un policier, il y a environ deux semaines», s’insurge Raymond*. Ce Payernois qui habite dans les environs de l’impasse Mauborget est plutôt remonté et on le comprend à la vue de ce véritable cloaque situé entre deux maisons.
Contacté vendredi matin, le municipal de la voirie, André Jomini, n’était pas au parfum de ce sol jonché de matériel d’injection. «C’est sans doute parce que cet endroit n’est pas sur le domaine public et les balayeurs n’y passent pas. Je vais faire le nécessaire», a-t-il plaidé en précisant aussi qu’il n’avait pas eu vent par ces collaborateurs de faits similaires à d’autres endroits.


Police et gendarmerie pas au courant non plus
«Je n’étais pas au courant jusqu’à présent, signale Stéphane Savary, responsable de la police administrative de Payerne, ce mardi après-midi. Nous n’avons pas non plus connaissance de tels cas ailleurs. Par contre, si des gens aperçoivent des seringues, il faut appeler la commune ou la police administrative, que cela soit sur le domaine public ou chez des privés», précise le chef de la police administrative qui ne s’explique pas non plus la présence de ces seringues. «Peut-être ont-elles été jetées là?» avance-t-il.
Du côté de la police cantonale, on n’avait pas connaissance non plus de cette scène de «consommation ouverte». Elle surprend même le porte-parole Philippe Jaton. «C’est n’importe quoi de laisser des seringues comme ça», réagit-il en premier lieu.
Au-delà de l’aspect d’insalubrité publique, la police cantonale n’a rien de particulier à signaler quant à la consommation de drogue sur le secteur. «Payerne n’est pas comparable à Lausanne ou Yverdon-les-Bains. Nous n’avons pas connaissance de deal dans la rue. En principe, le trafic se passe dans les appartements. Nos services effectuent des contrôles et des appartements sont investis. La brigade des stupéfiants, en collaboration avec les gendarmes de Payerne, effectue des perquisitions sous la direction d’un procureur», signale Philippe Jaton.

«La situation se dégrade»
Une autre piste émane de la police cantonale fribourgeoise. Lors d’un point presse la semaine dernière, son commandant Pierre Schuwey a relevé qu’avec la pression mise par la police dans les villes quant aux dealers «le trafic se reporterait sur les zones plus rurales ou dans les villes de district, y compris chez nos voisins vaudois à Payerne», a-t-il signalé en aparté.
Quant à Raymond, il estime que la situation se dégrade à Payerne. «J’y habite depuis dix?ans et pour moi c’est de pis en pis. L’autre jour, dans le secteur de la gare, alors que j’étais sur une terrasse, on m’a proposé de la drogue, ce devait être de la cocaïne, dans de tout petits emballages, tempête-t-il. Une nuit, vers 2?heures du matin, j’ai vu derrière chez moi des gens qui se piquaient. C’est choquant.»
En attendant, ce qui est aussi stupéfiant pour Raymond, c’est qu’il a fallu attendre mardi pour que les seringues disparaissent de ce coin de la ville. Pour Raymond, le slogan «Payerne ville propre, ville agréable» a fait son temps.

* Nom connu de la rédaction.