Surrexit et carcasset s’invitent pour Pâques

TRADITIONS A Estavayer-le-Lac, les hommes entonnent des chants en latin dès minuit, le samedi de Pâques, tandis que les cloches, absentes, sont remplacées par un carcasset, engin d’un autre âge.

En cette Semaine sainte, les voix mâles s’entraînent en cachette pour faire revivre une ancienne coutume staviacoise, le Surrexit. Il réunit une quarantaine d’hommes de la paroisse, le samedi saint peu avant minuit, sur la place de l’église Saint-Laurent.
Ces courageux bardes, les femmes sont priées d’attendre sur le trottoir, annoncent la résurrection du Christ en chantant dans les rues de la Cité à la Rose. Ainsi, dès le douzième coup de minuit, sous la direction d’un chef d’un soir, ils entonnent en alternance le Surrexit Christus hodie (le Christ est ressuscité aujourd’hui) et l’O filii et filiae accompagnés de quelques valeureux musiciens du cru et munis des paroles en latin. Le cortège, éclairé par des flambeaux, s’arrête tout d’abord devant la chapelle du couvent des Dominicaines, accompagné des quelques religieuses, puis au cimetière, sur la tombe du dernier bourgeois enseveli à Estavayer-le-Lac. Dernière étape, l’institut du Sacré-Cœur. Finalement, les participants se rendent au centre-ville pour y déguster ensemble une choucroute offerte par la paroisse. Un moyen convivial de célébrer la fin du carême tout en perpétuant une tradition vieille de plusieurs siècles. Ce repas rappelle le saucisson que les hommes prenaient avec eux et mangeaient avant de chanter au XIXe siècle.
La première mention connue du Surrexit date de 1637. Cette coutume ne nécessite ni répétition ni organisation particulière et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle n’est pas chapeautée par la paroisse ou animée par un prêtre. Nul besoin d’être catholique, tous les chrétiens staviacois sont invités à participer, car on raconte que la tradition du Surrexit serait antérieure à la Réforme.


Et le carcasset
Durant la trêve pascale, c’est bien connu, les cloches partent pour Rome. Dès lors, pour marquer les douze coups de midi le Vendredi-Saint et le samedi saint, le carcasset est actionné. Il s’agit d’un gros instrument en bois, muni de lamelles et d’une manivelle qui ressemble aux crécelles de notre enfance. Le tourneur active le carcasset qui fait ainsi un potin du diable loin à la ronde. Du moins dans un autre temps, car aujourd’hui, avec le bruit ambiant, plus grand monde n’y prend garde. A Estavayer, c’est du haut de la collégiale que l’engin est actionné. A Forel, on actionne aussi la «bête» dans le clocher de l’église.

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