Les gestes qui sauvent dans les bois

ACCIDENT Une vingtaine de forestiers-bûcherons broyards ont suivi un cours de sauvetage en forêt après simulation d’un accident. Révision théorique ou instruction au défibrillateur en matinée et cours pratique l’après-midi étaient au menu.

 

Il est un peu plus de 14?h et le chantier d’une équipe de cinq bûcherons vient de reprendre au lieu-dit Les Moilles à Corcelles-près-Payerne. Ils travaillent à moins de 50?m l’un de l’autre quand Antoine Mattioni, apprenti de l’entreprise forestière Bulliard Bois, est victime d’un accident. Dans ce terrain pentu et mouillé une bille de bois lui glisse dessus et il se retrouve pris au piège entre deux arbres. Tel était le scénario d’un exercice de sauvetage en forêt, organisé mercredi 29 mai dernier. Au total, une vingtaine de forestiers-bûcherons de l’entreprise, mais aussi de la société Francey à Grandsivaz, du groupement forestier Farzin-Glâne-Nord, de la corporation forestière Payerne-Avenches et l’employé communal de Grandcour y ont pris part.
Rapidement, ils ont pris conscience de l’importance de travailler avec des radios dans un tel secteur. Car bien que conscient suite à son accident, Antoine a eu beau crier de toutes ses forces, aucun de ses camarades n’a pu l’entendre à cause du bruit des tronçonneuses. Ce n’est qu’une fois que David Ogay, contremaître, est arrivé sur les lieux que l’alarme a pu être donnée. «Dans mon entreprise, nous utilisons une telle installation radio depuis un peu plus d’une année. Sans compter le casque, cela coûte près de 750?fr. pièce. Mais la sécurité est nettement renforcée et le temps gagné dans les communications vaut largement l’investissement», commentait Nicolas Bulliard au terme de l’exercice.

Travail au moins à deux dans les bois
Après avoir annoncé l’accident à la Rega, David prend les choses en main selon les préceptes théoriques dispensés durant la matinée. Deux individus partent ainsi se poster dehors de la forêt pour accueillir l’hélicoptère, tandis que les deux autres cherchent à prendre connaissance des constantes vitales d’Antoine, puis à soulager, voire même à dégager, le blessé. Ils préparent également le chemin d’accès pour les sauveteurs. «La Suva conseille de ne jamais venir bûcheronner en solitaire dans la forêt, ce qui n’est pas toujours suivi par toutes les entreprises. Mais sur un chantier dans un terrain difficile comme aujourd’hui, je pense qu’il faut au moins être trois. Sinon, en cas d’accident, il faudra abandonner le blessé pour aller à la rencontre de l’hélicoptère de la Rega», commente Eric Locatelli, chargé de cours en formation continue auprès du Centre de formation professionnelle forestière du Mont-sur-Lausanne et responsable de la journée.
Alors qu’arrive l’hélicoptère, puis la colonne de secours ou les pompiers, l’accès au blessé est dégagé. Le médecin de la Rega intervient alors auprès de l’apprenti. Reste à choisir la méthode d’évacuation, soit par civière, soit par treuillage. Une seconde option qui est souvent plus rapide, mais ne sera pas possible dans le cas précis. «Nous apportons un secours médical, mais pour une telle intervention dans la forêt, les bûcherons sont très importants pour juger l’état des arbres environnants, explique le pilote Laurent Riem. Car pour un hélitreuillage, nous restons à 15 ou 20?m au-dessus de la cime des arbres, provoquant encore du vent tourbillonnant entre 80 et 100?km/h. Ceci pourrait engendrer la chute d’un arbre mal en point et mettre en danger tous les secouristes.»

Partie théorique le matin
Finalement, c’est donc l’option d’une évacuation terrestre qui a été retenue pour terminer l’exercice. Une évacuation menée en collaboration avec la colonne de secours du Mont-Tendre. Après la partie théorique et l’instruction au défibrillateur ou l’apprentissage des bases légales en matinée, l’heure était donc venue pour les forestiers de prendre connaissance du matériel à disposition des ambulanciers, de la Rega ou de la colonne de secours. «La filière professionnelle nous encourage à proposer des cours de formation continue à nos employés. Suite à un accident, qui s’était finalement bien terminé malgré qu’il fût survenu dans un endroit sans accès routier et avec très peu de réseau téléphonique, j’ai souhaité organiser un cours de sauvetage dans le terrain», concluait alors le sympathique patron de 30?ans.

 

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