Les sponsors sont essentiels aux fiestas

Girons des musiques, des jeunesses, Tir en campagne, Cantonale des chanteurs… la Broye intercantonale ne manque décidément pas de noubas rassembleuses à succès. Mais par ici on aime ça. Un petit tour d’horizon, non exhaustif, avec les organisateurs nous permet de constater que sans mécènes, les fêtes ne pourraient plus s’organiser.
La semaine dernière, les organisateurs du Giron des jeunesses de Murist ont remis un chèque de 6000?francs à une association de bienfaisance. «Dès le départ, la Jeunesse a souhaité remettre le 10% du bénéfice à une œuvre caritative», signale Joël Ding, président de Muristland.
Pour le bénef, on vous laissera faire le calcul. Cependant Joël Ding a bien voulu dévoiler des détails qui ont leur importance. «L’apport en sponsoring pur est de 100?000?francs. Rendu possible grâce entre autres aux publicités dans le journal de fête, à la vente de vin. Et puis, il ne faut pas oublier des contre-prestations pour environ 45?000?francs (tracteurs, machines prêtées, transports gratuits, matériel offert). Le soutien financier se monte finalement à 150?000?francs», souligne Joël Ding.

Des surprises après
Dans toute fête qui se respecte, les infrastructures coûtent bonbon, la sécurité aussi, phénomène plus récent. «Pour nous, les infrastructures ont coûté 150?000?francs, dont 30?000?francs rien que pour la cantine. Quant à la fête, elle est déficitaire d’environ 90?000?francs. La pluie nous a tout de même perturbés quatre?jours sur cinq.»
Joël Ding évoque aussi les surprises d’après-fête. «Nous ne pouvons plus dédommager les agriculteurs avec un carton de vin ou quelques billets. Aujourd’hui, ce sont des ingénieurs agronomes qui fixent le montant des pertes et elles se comptent en plusieurs dizaines de milliers de francs.»
Malgré tout, un joli bénéfice est au rendez-vous et cela après un souper de remerciement avec 900 convives. «Il nous tenait à cœur de remercier les bénévoles comme il se doit», note le président.
Redescendons sur le plateau, avec la Broyarde des musiques de Saint-Aubin qui s’est jouée en 2012 aussi. Là, le bénéfice passe au double, avec un résultat positif net avoué de 132?000?francs. Le président Laurent Derivaz confirme ce bénéfice record. «Nous avons récolté pour 165?000?francs de sponsoring. Mais il faut aussi dire que durant la fête on a en quelque sorte «bouffé du fric». Nous avions une soirée vintage ambitieuse qui n’a pas fonctionné comme escompté. Et puis il y a les frais incompressibles, infrastructures, sécurité», argumente Laurent Derivaz. «Mais on avait une équipe de rêve pour mettre tout ça sur pied», renchérit-il en pointant du doigt le travail de son infatigable responsable marketing et sponsoring Albin Cantin. «Les sociétés de musique ne sont pas riches à millions. Au début, j’ai donc joué un peu la banque avec l’action de vin et les 200 premiers cartons», sourit-il. Une présence au Comptoir broyard et la machine était lancée. Finalement, Albin et son équipe vendront 1130 cartons de six bouteilles… De quoi créer un joli coussin financier pour la suite. L’organisation d’une revue en décembre 2011 a aussi boosté les finances et créé le buzz. «C’est du boulot, mais cela a payé», rassure Laurent Derivaz.

Avant la fête
Le bénéfice revient entièrement à la Caecilia de Saint-Aubin. Il faut savoir que le tournus des girons passe en principe tous les dix-neuf?ans et les corps de musique doivent ménager leurs finances pour s’offrir directeurs et école de musique ou uniformes, quand ce n’est pas un drapeau.
L’importance des sponsors est évoquée par tous les organisateurs. C’est le cas du Tir en campagne qui aura lieu à Vallon la semaine prochaine. «Maintenant, le bénéfice se fait en quelque sorte avant la fête, grâce au sponsoring, vente de vin et autres actions», souligne Christian Ballaman, président d’organisation. «En 1993, nous avions déjà organisé le tir de section à Vallon, avec 1000?francs de bénéfice seulement. Il faisait trop chaud», rigole-t-il les pieds dans la boue. Les temps changent!

Contre-prestations inchiffrables
Pour la Fête cantonale des chanteurs vaudois, qui se tient à Payerne ces jours-ci, le sponsoring est primordial. Sur un budget de 800?000?francs, il représente le quart. «Nous avons aussi beaucoup de contre-prestations fournies, aussi considérées comme du sponsoring. Des services qu’on ne pourrait pas s’offrir», indique Claude Berger, responsable des ressources financières. Le Payernois évoque par là, notamment les prestations inchiffrables de la commune de Payerne.
«Sans ces généreux donateurs et sponsors, toutes ces manifestations auraient passé aux oubliettes depuis longtemps. On peut donc dire un grand merci au tissu économique broyard qui soutient ces fêtes.
Et puis, si une fête cantonale des Jeunesses fribourgeoises avait lieu dans la Broye un jour, il s’agira à nouveau de pouvoir compter sur des partenaires généreux», lance encore Joël Ding. A prendre comme boutade ou comme appel du pied?